La honte des cavaliers...
Parce que je suis également une justicière dans l'âme qui porte une mini-jupe et un frisbee lunaire, je vais vilipender les méchants.
Mercredi 19 septembre 2006. Après notre excellente reprise dans une ferme équestre que nous fréquentons régulièrement, une amie et moi décidons
de partir en voiture et d'aller rendre visite aux chevaux, au Haras
National d'Hennebont. L'espace de deux mois, j'y suis allée, avant de me rendre compte que l'enseignement proposé ne me correspondait pas. À chaque cavalier sa méthode de travail...
Nous avons nos licences de la FFE, nous avons donc accès au pôle hippique de ce
Haras. Nous regardons les installations et les Selle Français qui servent de montures aux cavaliers inscrits dans ce centre. Rien à
voir avec les poneys sans papiers de notre ferme équestre, il est vrai... On commence presque à se
dire : "Tiens, finalement, de temps en temps, on pourrait venir monter
au Haras d'Hennebont... Ce ne serait pas mal..."
Une leçon débute vers 18h30 et nous décidons d'y assister en spectateur.
Apparemment, c'est un groupe d'adultes de grand niveau [Galop 6 je
pense...]. Certains cavaliers nous ignorent et s'appliquent à leurs exercices, d'autres font preuve
d'une grande humilité devant nous. L'un
d'eux entame même une bonne discussion avec moi et mon amie.
Ce soir-là, obstacle au programme. Premier exercice, un huit de chiffre avec un
obstacle au milieu de ce huit, à franchir une fois à chaque main. Exercice
qui demande pas mal d'adresse à mon avis. Notre gentil cavalier essuie un refus, et tapote l'encolure de
son cheval en disant :
"Eh bah, qu'est-ce que tu me fais toi, hein ?"
Aussitôt, le moniteur s'emporte et l'arrête dans son élan :
"Arrête ça tout de suite ! Si c'est pour accuser le
cheval, tu peux arrêter tout de suite ! Bordel de merde, j'aurais été à
la place de ton cheval, moi aussi j'aurais fait un refus ! Remets-toi en question bon sang !"
Le pauvre cavalier qui a bien 50 ans, et qui n'accusait pas vraiment le
cheval mais parlait plutôt pour le rassurer, vient en gros de se faire
démonter par un moniteur de 35 ans. Déjà qu'il avait
l'air peu confiant [l'humilité du Galop 1 mais le niveau du Galop 6]...
Mais vient maintenant... L'Horreur.
On demande à ces cavaliers de faire une ligne de trois obstacles...
- une butte
un virage serré et quelques foulées de galop
- 1 vertical [H : 1m10]
quatre foulées de galop
- un oxer [H : 1m20 / L : 1m]
une foulée de galop
- un vertical [H : 1m20]
Tous les chevaux font 1m70 quasiment au garrot, donc pas de problème
pour eux. Suivant les ordres du moniteur, les cavaliers les amènent à
grande allure sur les obstacles, et leur taille permet de négocier
vitesse + saut réussi.
Mais il y a une petite jument avec eux ; 1m40 au garrot. On lui
demande d'exécuter les sauts à la même allure que les grands chevaux... Mais vu sa taille, à cette vitesse et
sur cette hauteur, elle ne pourrait que faire un saut "plat" et se
manger purement et simplement les barres dès le premier vertical. Donc,
plusieurs fois, à cause d'une trop grande vitesse exigée par le
moniteur, et un gros manque de confiance en elle, elle pile, et sa
cavalière tombe dans l'obstacle.
Au bout de 3 refus sur ce premier obstacle, le moniteur accuse la
cavalière. Il la fait descendre, monte sur la ponette et l'amène à fond
de cale devant l'obstacle...
Ce qui devait arriver est arrivé...
La ponette pile, l'excécrable monsieur tombe dans l'obstacle. Furieux et humilié, il la traite alors de
"salope", de "pétasse" et autres noms d'oiseaux. Il remonte sur elle et la punit...
- coup de rêne brusque pour lui cisailler la bouche
- 20 coups de cravache, flanqués de toute la force de son bras sur la croupe et l'encolure de la petite jument.
La ponette recule, se cabre à demi, ne comprend pas toute cette violence. Le moniteur la ramène devant l'obstacle. Elle refuse à nouveau. Trop grande vitesse...
La cravache tombe encore sur sa peau... Elle recule,
recule, sur plus de 80 mètres de l'immense carrière. À chaque pas en
arrière, les coups lui tombent de chaque côté de l'encolure
et de la croupe. En tout et pour tout, elle a bien eu 50 ou 60 coups de
cravache d'une force démesurée !!!
Vaincue par la peur et la douleur, la ponette exécute finalement le triple [avec une barre qui tombe].
Récompense pour l'exercice réalisé :
- 5 coups de cravache...
- Obligation de refaire le triple avec le moniteur sur le dos, puis une dernière fois avec sa cavalière...
Non content d'avoir vengé son honneur froissé sur la ponette, le moniteur demande à notre
gentil cavalier de descendre de cheval. Là, il lui dit :
"Tu places tes aides pour le galop, et si ça ne marche pas..."
SHLAK !
Un gros coup de cravache sur la croupe.
Le pauvre cheval qui pourtant n'a ni besoin de cravache, ni d'éperon,
pour répondre aux aides du galop, ne comprend pas ce qui lui arrive et
bondit en avant pour exécuter le parcours. Le gentil cavalier remonte finalement sur son cheval. Le moniteur lui demande de
cravacher. Notre cavalier est assez futé, car il flanque un
coup de cravache sur le tapis de selle [= gros bruit mais pas de
douleur]. Il termine son parcours.
L'horreur dans tout cela, c'est que mon amie et moi étions les seules à nous indigner de ces pratiques barbares ! Les spectateurs, entre 6 ans et 40 ans, accoudés à la barrière, observaient la scène comme si c'était parfaitement normal...
La prochaine fois, je prendrai mon appareil photo numérique pour filmer les excès de ce moniteur qui, apparemment, n'a absolument rien compris à l'art équestre et la fine psychologie d'un cheval.